
La nouvelle stratégie américaine envers l’Érythrée commence à émerger au milieu des événements turbulents en Afrique et dans la région de la mer Rouge. Le document, publié le 17 novembre 2023, marque des changements dans l’approche américaine envers un pays qui a longtemps été ciblé en tant qu’ennemi. Il souligne que les récents développements en Éthiopie, y compris le retrait partiel de ses forces d’Érythrée, offrent une « opportunité de remodeler les relations bilatérales avec l’Érythrée de manière plus productive ».
Le document indique également que l’ambassade américaine à Asmara cherchera à établir des lignes de communication pour créer des bases communes servant les intérêts des deux peuples et pour écouter les points de vue érythréens sur les questions régionales et internationales. En référence à la compétition américaine avec la Chine et le désir des États-Unis de renforcer les liens avec l’Érythrée par le biais du commerce, le document souligne que bien que Pékin ait d’importants investissements en Érythrée, Washington a une position concurrentielle plus forte dans divers domaines d’investissement dans ce pays d’Afrique de l’Est.
Les relations américano-érythréennes ont toujours été instables. La période entre 1993 et 2000 a été considérée comme une sorte de « printemps », en parallèle avec la stratégie de l’ancien président Bill Clinton de soutenir ce qu’il appelait les « nouveaux leaders africains », faisant référence aux dirigeants de l’Érythrée, de l’Éthiopie, de l’Ouganda et du Rwanda.
Cependant, les relations ont pris un tournant avec la guerre frontalière éthio-érythréenne de 1998-2000, conduisant à des tensions accrues entre les deux pays. Les années suivantes ont vu les États-Unis accuser l’Érythrée de soutenir les insurgés islamistes somaliens en 2008. En réponse, l’administration du président américain Barack Obama a intensifié ses efforts pour imposer des sanctions à l’Érythrée au Conseil de sécurité des Nations unies en 2009.
Bien que la nouvelle stratégie n’ait pas levé les sanctions, elle porte des orientations positives, notamment en supprimant l’objectif principal déclaré précédemment de « développer la prochaine génération en Érythrée et se préparer à l’après-Président érythréen Isaias Afwerki ». La proximité temporelle des deux versions, publiées à quelques mois d’intervalle, suscite des questions sur les motivations des modifications, en particulier compte tenu de la déclaration du département d’État américain selon laquelle la stratégie quadriennale clarifie les priorités de Washington envers le pays.
Dans ce contexte, la gestion des perturbations sécuritaires dans la région de la mer Rouge est une priorité pour l’administration américaine actuelle. Les troubles causés par les attaques des Houthis au Yémen contre les intérêts israéliens dans le détroit de Bab el-Mandeb ont eu des répercussions sur les chaînes d’approvisionnement mondiales et le transport maritime. La nouvelle stratégie américaine envers l’Érythrée semble être une tentative d’empêcher le détroit de Bab el-Mandeb de devenir une zone hostile aux intérêts américains, car l’Érythrée, avec sa vue sur la rive ouest du passage stratégique, revêt une importance sécuritaire vitale. Des rapports antérieurs ont suggéré que l’Érythrée aurait facilité le passage d’armes iraniennes aux Houthis au Yémen, allégations que l’Érythrée a niées.
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