
Après que les autorités de sécurité turques ont appréhendé Hakeem Al-Mutairi, le leader des Frères musulmans koweïtiens résidant sur son territoire depuis plusieurs années, de nombreuses interrogations émergent.
Ankara le remettra-t-elle à son pays d’origine ? Pourquoi aucune déclaration officielle turque n’a-t-elle été émise à ce sujet jusqu’à présent ?
Selon les informations obtenues par « Al-Arabiya.net », les autorités turques pourraient se heurter à un « obstacle juridique » en ce qui concerne la remise d’Al-Mutairi à son pays. En effet, celui-ci est condamné à la réclusion à perpétuité depuis avril 2021 pour sa participation à l’affaire médiatiquement connue sous le nom de « fuites de Kadhafi ». Cette affaire a révélé l’existence d’un agenda commun entre les deux parties visant à semer le chaos dans les pays arabes en général, et du Golfe en particulier.
Cette « obstacle juridique » concerne l’engagement d’Ankara envers les lois du « Conseil de l’Europe », dont elle est membre. Elle est donc tenue, comme tous les États membres, de respecter la Convention européenne des droits de l’homme, supervisée par la « Cour européenne des droits de l’homme ».
Bien qu’un accord sur la remise et l’échange de personnes recherchées date de 2020 entre la Turquie et le Koweït, son application par la Turquie est en contradiction avec ses engagements envers les institutions européennes.
D’autre part, le chercheur et analyste politique turc Islam Ozcakan a déclaré à « Al-Arabiya.net » que « l’arrestation d’Al-Mutairi constitue un développement inattendu dans la position turque, d’autant plus qu’il a toujours soutenu la Turquie et son président Recep Tayyip Erdogan, n’hésitant pas à exprimer son soutien sur les réseaux sociaux et dans diverses émissions où il apparaissait ».
Cependant, il a expliqué que « Ankara prend désormais ses décisions en fonction des évolutions politiques et des intérêts économiques au cours des dernières années. Il n’est donc plus surprenant de la voir remettre des personnes recherchées à des pays avec lesquels elle avait des problèmes par le passé ».
Il a ajouté que « la crise économique a également eu un impact central et décisif sur la politique étrangère de l’État ». Il a ajouté : « Il semble donc clair que l’arrestation d’Al-Mutairi par les services de sécurité turcs vise également à améliorer les relations économiques avec les pays du Golfe ».
Dans un contexte connexe, il a estimé que « les pressions exercées par la Turquie sur les Frères musulmans n’ont pas commencé récemment. En effet, plusieurs chaînes connues pour leur proximité avec la confrérie ont été partiellement fermées précédemment, après la suppression et l’annulation de certains de leurs programmes politiques. Ankara a également demandé à certains membres de la confrérie de chercher refuge à l’étranger ».
Cependant, il a souligné qu’un grand nombre de membres des Frères musulmans de différents pays sont toujours présents en Turquie jusqu’à présent. Il a néanmoins considéré que « l’arrestation récente d’Al-Mutairi confirme que la pression sur les Frères musulmans s’intensifiera, ce qui inquiétera davantage la confrérie ».
Le Parti de la « Nation » non reconnu au Koweït, dirigé par Al-Mutairi âgé de 59 ans, a condamné sa détention en Turquie lundi dernier. Dans un long communiqué publié sur son compte officiel sur « Ex », le parti a appelé les autorités turques à le libérer et à ne pas le remettre au Koweït, chargeant les gouvernements turc et koweïtien de sa responsabilité sécuritaire.
Al-Mutairi adopte les idées des Frères musulmans et est considéré comme un partisan du terrorisme, son nom figurant sur la liste du terrorisme annoncée par l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn en 2017.
Il se présente comme le secrétaire général de la Conférence de la Nation basée en Turquie, et le président du parti non reconnu dans son pays depuis 2005.
L’homme recherché par le Koweït fait face à une condamnation à perpétuité dans son pays depuis près d’un an après la diffusion de fuites provenant de la tente de l’ancien colonel libyen défunt Mouammar Kadhafi. Celles-ci ont progressivement révélé la conspiration de membres des Frères musulmans et d’autres groupes islamiques visant à la sécurité de la région et à la création d’un « chaos créatif ».
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