
Aujourd’hui, la Tunisie a vécu une première historique avec les élections municipales du dimanche, destinées à former un second conseil parlementaire, dans un contexte de boycott de la part de partis aux orientations diverses.
Les centres de vote ont fermé leurs portes à 18 heures, heure locale, avec une participation faible aux urnes.
Dans ces élections, 7 205 candidats issus des partis soutenant le président Kaïs Saïed et des indépendants se disputent 2 155 sièges afin de former 279 conseils municipaux.
Au total, 9 079 271 électeurs à l’intérieur du pays ont le droit de voter lors de ces élections, représentant le dernier événement électoral d’une série de mesures exceptionnelles prises par le président Saïed, créant ainsi une crise politique aiguë.
Farouk Bouasker, président de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE) en Tunisie, a annoncé que le taux de participation aux élections municipales était de 7,68 % du total des électeurs au cours des premières 7 heures du vote.
Lors d’une conférence de presse à La Marsa, dans la capitale tunisienne, Bouasker a indiqué que pendant les 7 premières heures du scrutin, 697 755 personnes, soit 7,68 % de tous les électeurs inscrits, ont participé. Il a souligné que le processus électoral se déroule normalement sans enregistrement d’incidents ou de problèmes.
Ces élections marquent la dernière étape de la formation des institutions gouvernementales selon les mesures exceptionnelles de Kaïs Saïed, après le référendum sur une nouvelle constitution en juillet 2022, et les élections législatives anticipées en décembre 2022 et janvier 2023.
Des forces politiques participent directement et indirectement à ces élections, dont le Mouvement du Peuple (nationaliste), le Mouvement Tunis en Avant (gauche), le Courant Populaire (nationaliste) et le Parti de la Voie du 25 Juillet (en soutien à Saïed).
Les membres du deuxième conseil seront installés en juin 2024, mettant fin à un processus complexe mêlant élections locales et autres mécanismes.
L’opposition a appelé au boycott des élections, les considérant comme « nulles et résultant de mesures anticonstitutionnelles ». Les élections ont été boycottées par le Front du Salut National (la plus grande force d’opposition à Saïed, composée de 6 partis, dont le Mouvement Ennahdha) et le Parti des Travailleurs (gauche) ainsi que le Parti Républicain (gauche sociale) et le Parti Afek Tunis (libéral).
Plus de 260 personnalités tunisiennes ont signé une pétition contre ces élections, considérant qu’elles « visent à affaiblir le pouvoir local et à le disperser, en en faisant à son tour un instrument docile entre les mains du pouvoir exécutif ».
Les forces tunisiennes considèrent les mesures exceptionnelles de Saïed comme un renversement de la constitution de 2014 et la consécration d’un règne autoritaire absolu, tandis que d’autres forces le voient comme une correction du parcours de la révolution de 2011 qui a renversé le président de l’époque, Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
Le chef d’un bureau de vote à Tunis a déclaré dans une déclaration à l’AFP, demandant de ne pas divulguer son identité : « Je n’ai pas vu depuis 2011 une aussi faible affluence aux élections en Tunisie », faisant référence à l’année qui a marqué le début du « Printemps arabe ».
Depuis février dernier, les autorités tunisiennes ont arrêté plus de 20 opposants, dont le chef du Mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, et le dirigeant du Front du Salut National, la principale coalition de l’opposition dans le pays, Jihed Ben Mbarek, ainsi que plusieurs anciens ministres et hommes d’affaires.
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