
La faible participation aux élections locales en Tunisie, qui ont eu lieu hier, est interprétée par l’opposition, la Front du Salut, comme un rejet clair du parcours politique du président Kaïs Saïed.
Le chef du Front du Salut, Ahmed Najib Chebbi, a déclaré lors d’une conférence de presse à Tunis, avec la participation des dirigeants du Front Abdelatif Mekki et Riadh Chaibi, que près de 90% du peuple tunisien ont tourné le dos aux élections du « Conseil des Régions et des Municipalités », refusant de participer au choix de leurs représentants dans ces conseils locaux, qui font partie du projet politique du président Saïed.
Chebbi a souligné que c’est la quatrième fois que le peuple tunisien rejette ouvertement le projet politique de Saïed, notant la faible participation à 4 élections, y compris les élections d’hier et le référendum sur la constitution l’année dernière, qualifiant ce dernier d’établissement d’un régime de gouvernance autocratique.
Hier soir, la Haute Autorité Indépendante pour les Élections a annoncé un taux de participation de 11,66% et a indiqué qu’un second tour aura lieu en février prochain.
Le leader du Front du Salut a remis en question le pourcentage annoncé par l’autorité électorale, le considérant comme « gonflé », et a renouvelé son appel à un dialogue national et à la formation d’un gouvernement d’unité nationale chargé d’organiser des élections transparentes et équitables.
De son côté, le mouvement Ennahdha a publié une déclaration qualifiant les élections locales de « parodie » et déclarant que les résultats déclarés sont une preuve de l’illégitimité de ces conseils et de leur incapacité à représenter la volonté de la majorité du peuple tunisien, constituant ainsi un échec flagrant pour mobiliser l’opinion en faveur du projet politique du pouvoir.
Les composantes du Front du Salut et d’autres partis d’opposition ont boycotté les élections du Conseil des Régions et des Municipalités, les premières du genre en Tunisie.
Certains membres de l’Instance électorale et les partisans du président Saïed estiment que le faible taux de participation garantit la légitimité nécessaire pour établir le Conseil des Régions et des Municipalités.
Le président tunisien Kaïs Saïed, en votant, a déclaré que la fin des élections locales à toutes leurs étapes marquera la poursuite de la réorganisation des institutions, y compris la Cour constitutionnelle.
L’opposition accuse Saïed de la cibler et d’arrêter plusieurs de ses leaders pour des raisons politiques, d’établir un régime présidentiel autoritaire et de marginaliser le Parlement. En retour, le président tunisien affirme que toutes les mesures prises depuis le 25 juillet 2021 visent à sauver la Tunisie du chaos et à éradiquer la corruption.
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