
La présence d’Emmanuel Macron, le président français, lors de la cérémonie d’allumage des bougies de Hanoukka à l’Élysée, a engendré une polémique en France, étant interprétée comme une violation du principe de laïcité. Cela s’est déroulé lors d’une cérémonie marquant la remise du prix Lord Jakobovits au président pour sa lutte contre l’antisémitisme, dans le cadre de la conférence des rabbins européens.
Le magazine Le Point a abordé cette question avec Benjamin Morel, enseignant en droit public à l’Université Paris 2, qui a affirmé que l’allumage des bougies était un « acte religieux », indépendamment des déclarations de Macron. Le professeur de droit a souligné que c’était une « atteinte à la laïcité », notant que le président contournait déjà la législation de Georges Benjamin Clemenceau, qui autorise le président et les ministres à assister à des cérémonies religieuses en tant que particuliers, et non en tant que fonctionnaires. Cette pratique était respectée par les présidents précédents, Charles de Gaulle et Jacques Chirac, et même Macron lui-même n’a ni prononcé de discours ni tracé le signe de croix devant le cercueil lors d’une messe en l’honneur de l’icône du rock français Johnny Hallyday.
Macron a défendu la neutralité de l’État, expliquant que « la laïcité ne signifie pas effacer les religions ou intervenir dans la religion, mais signifie demander aux citoyens, quelle que soit leur religion, de respecter les lois de la République de manière absolue, rien de plus, rien de moins ».
Interrogé sur la question de savoir si cette célébration reflète une conception « ouverte » et étendue de la laïcité, le professeur de droit a répondu que cela concerne non seulement la laïcité, mais aussi l’universalisme qui la sous-tend. Morel suggère que Macron donne l’impression que l’universalisme républicain est impossible, car la société est composée de groupes homogènes vivant côte à côte, bien que la Constitution ne reconnaisse pas l’existence de communautés distinctes, mais plutôt d’une seule société où tous fusionnent.
Quant aux conséquences politiques de cette célébration, le professeur estime qu’elle accroît les menaces contre les citoyens français de confession juive, car cette cérémonie servira de carburant à toutes les conspirations antisémites, ouvrant la boîte de Pandore. Il se demande pourquoi il n’y a pas de célébration chrétienne ou musulmane similaire et qui représente les non-croyants dans ce cas. En conclusion, Benjamin Morel déclare qu’il sera difficile d’enseigner le principe de la laïcité aux étudiants, après l’interdiction du port du voile à l’école, et que dire aux maires dont les crèches ont été condamnées par le juge administratif, lorsque le président célèbre des événements religieux à l’Élysée.
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