
En France, environ cent agriculteurs ont été arrêtés mercredi alors que la colère monte parmi les agriculteurs contre l’Union européenne, similaire aux manifestations dans d’autres pays voisins, notamment en Italie, poussant Bruxelles à faire des concessions.
Après avoir envahi tard dans l’après-midi une « zone de stockage » au marché de Rungis, le plus grand marché de produits frais au monde et un point d’approvisionnement vital pour la capitale française, 79 personnes ont été arrêtées, en plus de 15 autres pour « entrave à la circulation » plus tôt près de Rungis, au sud de Paris.
Ces arrestations sont les premières dans le mouvement de protestation qui a pris de l’ampleur depuis lundi en France, où les agriculteurs ont bloqué de nombreuses autoroutes menant à Paris avec leurs tracteurs, provoquant une nouvelle crise sociale après un an de réformes controversées du système de retraite.
Jusqu’à midi mercredi, plus de 80 barrages routiers ont été enregistrés et 6000 manifestants avec 4500 véhicules ont manifesté à travers le pays, selon une source policière. Le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, connu pour sa fermeté, a exprimé sa compréhension des manifestations.
La vague de protestations ne se limite pas à la France, car l’Allemagne, la Pologne, la Roumanie et la Belgique ont également été le théâtre de manifestations au cours des dernières semaines.
En Italie, des milliers d’agriculteurs ont de nouveau manifesté mercredi, de la Sardaigne au Piémont. Les manifestants ont brandi une banderole où il était écrit « L’agriculture est en train de mourir » dans la ville de Coni, dans le nord du pays, lors de leur manifestation.
En Espagne, des rassemblements ont été signalés près de León et Zamora, dans le nord-ouest du pays. Le ministre espagnol de l’Agriculture a annoncé qu’il recevrait vendredi les trois principales fédérations agricoles qui ont promis de « mobiliser » dans les « semaines à venir ».
Les agriculteurs portugais ont également appelé à la mobilisation jeudi matin en bloquant les routes du pays avec des tracteurs et des véhicules agricoles.
Face à la colère, la Commission européenne a fait des concessions mercredi sur deux questions suscitant le mécontentement des agriculteurs. Elle a proposé pour 2024 une dispense « partielle » de l’obligation de jachère obligatoire imposée par la Politique agricole commune, ainsi qu’un examen des mécanismes pour limiter les importations ukrainiennes, notamment de volailles.
Bien que Paris ait salué Bruxelles d’avoir « répondu aux demandes de la France », le syndicat « Copa-Cogeca », regroupant la plupart des syndicats agricoles de l’Union européenne, a estimé que la dispense était « tardive » et restait « limitée ».
Les mêmes demandes et critiques se répètent dans la plupart des pays européens confrontés à la colère des agriculteurs : la politique agricole européenne est trop complexe, les bénéfices sont trop faibles, l’inflation est élevée, et la concurrence étrangère, en particulier des produits ukrainiens, est perçue comme injuste, compte tenu de la hausse des prix des carburants.
Le mécontentement s’accroît autour de la Politique agricole commune adoptée par les vingt-sept États membres de l’Union européenne, que certains estiment déconnectée de la réalité.
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